[ ii-CHRONiQUE ] Musisphere parle d’ ii3

La pierre angulaire du groupe iNA-iCH se trouve en Kim-Thuy Nguyen, une sorte de James Dean des temps modernes au féminin, fille de réfugiés politiques vietnamiens. Pianiste de formation classique, elle revendique des influences électriques : de Bach à Rage against the machine en passant par Björk ou Chopin. Kim-Thuy monte son groupe iNA-iCH (un « son persistant et dérangeant », en vietnamien, ça donne le ton) en 2006. Rapidement rejointe par Aurélien Clair (batteur et féru de machines) et quelques autres musiciens, le groupe publie un premier album éponyme en 2007, suivi en 2011 par « L’année du Tigre ». En 2014, après de nombreux changements de line-up, iNA-iCH se recentre autour de Kim-Thuy et Aurélien, rejoints par Brad Thomas Ackley, le bassiste, guitariste et réalisateur de –M–. iNA-iCH trouve alors enfin sa véritable identité, à trois. Un Cerbère sonore. Indomptable. Exalté.

Après la publication de l’excellent EP « Ma chair et mon sang » l’année dernière, iNA-iCH revient avec « ii3 », un – encore plus – excellent album. Au programme de « ii3 », le portrait sonore d’une société à la dérive. Il y est question de « La fin du monde », de genre (« Comme un garçon »), de « L’argent » devenu valeur refuge pour certains, des dérives de l’industrie musicale (« Fais-nous un tube ») ou encore des nouveaux idéaux (« Rien à foutre »). Deux titres, pourtant aux antipodes l’un de l’autre, donnent une assez bonne idée de ce disque : celui qui l’ouvre (« Lève-toi ! »), tristement d’actualité et « Maman », le plus touchant.

Si le fond est au top, la forme l’est tout autant. « ii3 » bénéficie d’un artwork génial et porteur, handmade by Kim-Thuy (le livret est une tuerie au propre comme au figuré). iNA-iCH ? Un groupe parfaitement ancré dans son époque mais qui garde le souci du détail, donc forcément à contre-courant. Insoumis et furieusement sauvage. Ça fait du bien !

Release party au Dr Feelgood (Paris 11ème) le 10 mars et en tournée en 2016 (iiTOUR2016 en cours de programmation).

Luc Dehon